Le Parlement a adopté le 4 novembre 2020 un texte de Loi proposé par le Gouvernement, visant à autoriser de façon dérogatoire l’usage des insecticides néonicotinoïdes sur les cultures de betteraves sucrières jusqu’en 2023.
Cette décision – si elle intervient dans un contexte singulier et répond en urgence au danger sanitaire du virus de la jaunisse sur les betteraves sucrières – va à l’encontre des engagements pris par l’Etat qui avait interdit l’usage des néonicotinoïdes en 2018 compte tenu de sa dangerosité.
Elle porte également atteinte aux actions entreprises par de nombreuses collectivités territoriales qui se sont pleinement engagées dans la transition écologique. On ne peut donc que regretter ce retour en arrière qui envoie un signal négatif à l’heure où les questions environnementales et la préservation de la biodiversité sont au cœur de nos préoccupations.
En ma qualité de Président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Grasse, je m’attache à mener localement des politiques publiques en faveur du développement de l’apiculture et plus largement de l’agriculture biologique. Avec la signature du Contrat de Transition Ecologique au niveau intercommunal, j’ai engagé notre économie dans la valorisation de la biodiversité et non sa destruction.
Pour rappel, les néonicotinoïdes sont une classe d’insecticides agissant directement sur le système nerveux central des insectes. Nous savons aujourd’hui que leur utilisation pose des problèmes de sécurité environnementale, alimentaire et sanitaire pour l’Homme et les abeilles domestiques, mais aussi pour les hyménoptères sauvages et de nombreux autres groupes (invertébrés terrestres et aquatiques, poissons, reptiles et amphibiens, oiseaux insectivores, rongeurs, chiroptères). Notre société n’en veut plus ! Les Français n’en veulent plus, ni dans leur assiette, ni dans leur environnement. La France doit se donner les moyens d’en sortir définitivement sans avoir à faire marche arrière parce qu’elle n’a pas su faire preuve d’anticipation. Le temps est venu d’investir massivement dans la recherche pour trouver des alternatives efficaces à ces produits controversés.
Ce régime dérogatoire est donc un aveu d’échec. Il doit nous encourager à porter avec courage et détermination une nouvelle politique agricole aussi ambitieuse que celle mise en œuvre à la sortie de la seconde guerre mondiale, à l’échelle de la France mais également de l’Europe.
Jérôme VIAUD
Maire de Grasse
Président de la CAPG