Au Lycée Léon Chiris pour la venue de Mickaëlle PATY

En présence de Madame Natacha CHICOT, Rectrice de l’Académie de Nice, Monsieur Laurent LE MERCIER, Directeur académique des services de l’éducation nationale des Alpes-Maritimes, Madame Corinne MIAILHE, Proviseure du lycée professionnel Léon Chiris, Mesdames et Messieurs les membres des équipes pédagogiques, les élèves et Madame Mickaëlle PATY, c’est avec émotion que je participe à ce moment d’échange aujourd’hui, pour rencontrer toutes les équipes d’encadrement et les élèves qui ont permis la réalisation de ce clip pour honorer Samuel PATY.

C’est l’occasion pour moi de remercier chacune et chacun d’entre vous qui avez participé à cette démarche éminemment citoyenne pour saluer sa mémoire. Je n’ai pas eu la chance de connaître Monsieur PATY, mais je suis persuadé qu’en tant qu’enseignant passionné par son métier, c’est cette forme d’hommage rendu par la jeunesse qu’il aurait le plus appréciée. Un grand merci donc, à tous les élèves de première année de BTS et de Bac Pro, qui se sont impliqués dans ce projet dont la qualité fait l’unanimité, puisqu’il a reçu le prix académique 2022 « Tous unis dans la laïcité » et le prix Ferdinand Buisson. J’ai également une pensée particulière pour tous les professeurs et l’ensemble de l’équipe de Direction qui ont accompagné cette action. Mais ce matin, je suis bien sûr ému et fier d’accueillir Madame Mickaëlle PATY. Votre visite à Grasse constitue la plus belle des récompenses pour tous ceux qui se sont investis dans cette initiative remarquable.

Deux ans après l’attentat barbare qui a provoqué une émotion sans précédent dans la société française, vous savez que votre nom résonne de façon particulière à nos oreilles. Samuel PATY symbolise en effet ce que la France peut compter de meilleur, ces fameux « hussards noirs de la République » !, pour transmettre aux générations futures toutes les richesses et la subtilité de notre histoire collective. Il incarnait en effet magnifiquement cette excellence de l’enseignement public, qui cherche à forger l’esprit critique des élèves, en les invitant à privilégier la réflexion et le recul au détriment des raccourcis et des préjugés. Mais en s’attaquant à un sanctuaire de la République, cet attentat symbolise aussi tout ce que la France risque de perdre de plus précieux dans son combat face à l’obscurantisme et le fanatisme : sa légèreté, son insouciance, et j’ose le dire, sa liberté. Car n’ayons pas peur des mots : Samuel PATY peut constituer aussi le symbole de nos renoncements si nous ne prenons pas des mesures énergiques pour juguler les tentatives d’entrisme de l’extrémisme religieux dans nos écoles. L’enjeu est considérable, car l’avenir de nos enfants dépend de la fermeté, de la constance, et de la résolution avec lesquelles nous appuierons l’action des représentants de l’éducation nationale. En préparant ce moment de rencontre, j’ai eu l’occasion de prendre connaissance des mots forts que vous avez prononcés le 15 octobre dernier à la Sorbonne à Paris.

Permettez-moi de vous dire que vous avez su exactement pointer les écueils qu’il faut absolument que nous évitions si nous ne voulons pas alimenter le terreau du terrorisme. Lors de l’attentat, certaines voix mal avisées ont en effet pointé, de façon intolérable, le manque de prudence dont aurait fait preuve votre frère en montrant ces caricatures aux élèves. Mais c’est justement avec ce genre de sous-entendus inacceptables que nous faisons le lit de l’islamisme, en donnant une certaine forme de justification à cet acte inqualifiable. Se justifier, c’est déjà reculer et abdiquer face à la menace !Il faut au contraire clamer haut et fort que Samuel PATY a effectué son cours avec l’esprit de justesse et de responsabilité qui a toujours caractérisé son travail auprès de ses élèves. Adopter un discours ou une approche différente sur ce terrible événement, c’est l’assassiner une deuxième fois en trahissant sa mémoire. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons nous tenir debout et rester solides et unis.Afin d’être digne de Samuel PATY.

Afin d’être digne de cet idéal qui a toujours animé son engagement au service de la jeunesse et de l’intérêt général. Et surtout digne du magnifique héritage de liberté, d’égalité, et de fraternité qui nous a été transmis par nos ancêtres, qui se sont battus pour nous donner le droit de vivre dans une société où la raison, et l’esprit critique, sont au cœur de notre pacte républicain. A Grasse, parce que nous considérons que mettre des mots sur des maux ne suffit plus, nous avons choisi d’engager des actes très concrets pour honorer votre frère, mais aussi tous ceux qui ont été victimes du fanatisme islamiste. C’est pourquoi j’ai décidé que serait érigé un monument dans le quartier de Saint-Claude, sur le terrain Dolla, en hommage à tous ces Français disparus. Et je serai ravi d’inaugurer cette statue le 11 mars prochain, lors de la Journée nationale dédiée aux victimes du terrorisme. J’invite toutes les personnes présentes aujourd’hui, élèves, professeurs, équipes de direction de l’établissement, à assister à cette cérémonie de recueillement pour montrer qu’à Grasse, c’est toutes les générations qui se dressent contre l’intolérance. Soyons fiers d’appartenir au Pays de la Liberté, fiers de porter haut les couleurs de la France et de ceux qui la défendent. Nous le devons à Samuel PATY, et à tous ceux dont le nom restera gravé à jamais dans notre mémoire.