Avant de commencer ce conseil, j’ai souhaité évoquer brièvement le contexte international et la reprise des hostilités au Proche Orient. Il y a quelques semaines, nous avons tous été profondément atteints par les images particulièrement choquantes qui nous sont parvenus d’Israël à la suite de l’attaque brutale du Hamas. Plusieurs centaines de civiles, parmi lesquels des femmes, des enfants, et près de 40 ressortissants français, ont été brutalement assassinés par les terroristes alors qu’ils étaient sans défense. Quelques jours plus tard, comme en écho aux événements qui se déroulaient en Israël, notre pays a une nouvelle fois été frappé par l’horreur. Et c’est une nouvelle fois l’école qui a été frappée en plein cœur, avec l’assassinat devant ses élèves d’un professeur de français, Dominique BERNARD. Après le recueillement légitime devant un tel drame, comment ne pas éprouver de la colère et de la sidération face à toutes les insuffisances et les manquements constatés ?Le temps n’est plus aux commémorations et aux grands discours qui n’ont absolument aucune incidence sur la réalité que vivent les Français. Place aux actes et à des actions fortes qui doivent être à la hauteur du terrible défi que représente le terrorisme islamiste.
Afin de saluer la mémoire de Dominique BERNARD et de toutes les victimes du fanatisme, quelles que soient leur origine et leur confession, en France, en Belgique, en Israël, en Palestine, en Arménie, et en Ukraine, nous avons respecté une minute de silence. Ensuite à l’occasion de notre avant dernier conseil de l’année 2023, nous avons effectué un rappel sur la situation financière des communes qui n’a jamais été aussi tendue et complexe sur tout le territoire national. Comme vous le savez, les budgets des collectivités avaient déjà été fortement impactés entre 2014 et 2018 avec une diminution de plus de 30% de la Dotation Globale de Fonctionnement versée par l’État aux Municipalités. A cette perte sèche se sont rajoutés les réajustements successifs du point d’indice et l’explosion soudaine des prix de l’énergie, qui ont dû être supportés intégralement par les exécutifs locaux. L’avenir ne s’annonce pas plus encourageant, avec l’augmentation des taux d’emprunt et les baisses de recette des droits de mutation du fait de la contraction du marché immobilier.A Grasse, cette évolution du contexte a eu des répercussions très concrètes sur nos capacités budgétaires.
Aujourd’hui, j’estime qu’il est essentiel de les mettre en perspective devant cette assemblée afin de bien mesurer l’ampleur du défi que nous allons devoir affronter dans les prochains mois et les prochaines années. Il est difficile d’être exhaustif, dans la mesure où certaines dépenses supplémentaires sont indirectes et difficiles à quantifier.
Mais je peux d’ores et déjà vous fournir les chiffres suivants qui permettent de bien appréhender la situation pour notre ville : l’augmentation du point d’indice de 3,5% et de 1,5% se traduit en année pleine par 1 250 000 € de dépenses supplémentaires pour notre masse salariale.
la hausse des coûts de l’énergie et des fluides représente une facture supplémentaire d’1 million d’euros si l’on compare les dépenses de 2023 à celles de 2021. Cette croissance est d’autant plus significative lorsque l’on sait que la consommation communale d’électricité, de gaz, de fioul, et d’eau a diminué sur cette même période.
l’augmentation massive des taux d’intérêt sur les marchés s’est traduite par une hausse de près de 800 000 € des intérêts d’emprunt entre 2022 et 2023, soit une croissance de 40%.
Enfin, la contraction du marché sur le plan national va fortement impacter nos ressources en matière de droit de mutation, la perte pour la commune étant estimée à 700 000 € minimum par rapport à 2022. Même si ce chiffre avait été anticipé par les services municipaux qui avaient prévu un ralentissement des transactions immobilières, le manque à gagner est important. Je précise que la situation est pire dans certains territoires, la DGFIP nous ayant indiqué que Grasse connaissait une baisse des droits de mutation de 13%, alors qu’ils diminuent en moyenne de 20% dans la plupart des grandes villes du département.
Tous ces évolutions sont sans précédent et témoignent de la période difficile que nous traversons actuellement. Si nous additionnons ces différentes variables, nous atteignons la somme considérable de 3 750 000 € de ressources en moins pour la Municipalité, soit près d’un tiers des dépenses d’investissements annuelles de la Ville. Je rappelle que cet état des lieux ne tient même pas compte de l’explosion des coûts des travaux engagés sur le territoire communal, toutes les entreprises ayant fortement augmenté leurs devis pour tenir compte de l’inflation. La situation n’a donc jamais été aussi complexe, alors que les enjeux n’ont jamais été aussi grands. Malgré ces défis et malgré ces contraintes, nous allons continuer à désendetter Grasse et à investir pour poursuivre la métamorphose de notre belle cité. Comme vous le savez, nous sommes entrés dans une phase très active et concrète du projet Martelly, puisque le futur opérateur et cabinet d’architecte qui animeront ce projet seront sélectionnés d’ici janvier 2024.Les travaux préparatoires ont d’ores et déjà commencé le 5 octobre dernier au niveau de l’ancienne surface commerciale du Montlaur, et se poursuivront dans les prochaines semaines sur la place de la Buanderie. Les services municipaux travaillent de façon intense pour que les premiers coups de pioche de cette opération stratégique de plusieurs dizaines de millions d’euros soient donnés en 2024.Comme à chaque fois, les Grassois vont être placés au cœur de notre démarche et je m’engage à ce que d’ici la fin de l’année, une réunion publique soit organisée pour les associer pleinement au projet. L’effort communal n’a donc jamais été aussi fort, aussi intense, et aussi profond, alors même que les mairies affrontent des contraintes financières sans précédent. Mais Grasse mérite cet engagement pour que nous écrivions ensemble un nouveau chapitre de son renouveau et de son réenchantement.
