Un grand merci au Père Cyril Geley pour la célébration de cette messe traditionnelle qu’il ne pouvait être question d’annuler tant elle est précieuse à nos cœurs. Mon Père, un grand merci pour la justesse de votre homélie, un grand merci également à tous ceux et celles qui ont contribué à faire de ce moment partagé un instant de douceur et de beauté.
Chacun de nous le mesure, ce rassemblement prend une résonnance particulière. Alors que notre pays souffre et que nos concitoyens tentent de se relever d’évènements tragiques et traumatisants, se réunir pour se recueillir devient une nécessité. Un moyen de résister à la tentation du repli sur soi et du rejet de l’autre ; un moyen de résister au doute, à la méfiance et même à la colère ; un moyen de trouver la force de reconstruire une société apaisée, garante et respectueuse des droits et des croyances de chacun.
Le jardin Princesse Pauline appelle à la méditation. Et la pensée cherche à s’élever au-delà des postures, prenant appui sur les leçons que d’autres hommes, avant nous, ont su tirer de périodes tragiques.
A ce titre, permettez-moi de partager avec vous un extrait de Prière à Dieu de Voltaire, tiré du Traité sur la Tolérance. Dans les épreuves que nous traversons comme dans celles qui furent traversées au 18ème siècle, parler de tolérance réclame du courage. Il n’est pas question d’une tolérance aveugle accordée sans contrepartie mais bien plutôt d’un appel à l’esprit de Lumière, à la connaissance bienveillante de l’autre et à la reconnaissance d’un dialogue interreligieux qu’en tant qu’élu d’une république laïque j’appelle de mes vœux et encourage vivement.
Publiés en 1763, les mots de Voltaire pourraient être prononcés aujourd’hui. Puissent-ils éclairer nos pas et nos actions futures.
« Prière à Dieu :
Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ;
que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps,
entre tous nos langages insuffisants,
entre tous nos usages ridicules,
entre toutes nos lois imparfaites,
entre toutes nos opinions insensées,
entre toutes nos conditions si disproportionnées à tes yeux, et si égales devant toi ;
que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution […]
Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible !
Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant. »
Permettez-moi d’ajouter un dernier vœu à cette prière aux accents universels : que les effluves de jasmin qui embaument notre espace transportent nos prières et apaisent les âmes.
A nos côtés pour partager ce moment Monsieur le Préfet des Alpes-Maritimes, Monsieur le Sénateur des Alpes-Maritimes, Monsieur l’Ambassadeur de France auprès de l’Unesco, Monsieur le Sous-préfet de Grasse, de nombreux élus.