« La guerre est gagnée ! Voici la Victoire !
C’est la victoire des Nations Unies et c’est la victoire de la France !
L’ennemi allemand vient de capituler devant les armées alliées de l’Ouest et de l’Est… »
C’est en ces termes que le Général de Gaulle s’est adressé radiophoniquement au peuple français.
Le 8 mai 1945 a marqué la fin de la 2e guerre mondiale en Europe. La fin de presque 6 années de combats, d’occupation, d’asservissement, de privations, de déportations, de cauchemar.
C’est dans un formidable mouvement de liesse populaire que cette capitulation a été fêtée en France.
Mais cette joie si compréhensible, n’a pas fait oublier le prix de la Liberté.
La 2e guerre mondiale a été la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité : plus de 60 millions de morts, rendez-vous compte, c’est à quelque chose près la population de notre territoire métropolitain.
Parmi ces morts, 30 millions de civils dont 6 millions de juifs et tziganes.
Elle a fait 35 millions de blessés dans leur chair et dans leur âme. 3 millions de disparus.
Le bilan est effarant. Cette guerre a ravagé toute l’Europe.
Ce conflit a été galvanisé par les avancées technologiques et les techniques de combat ; mais surtout, ce conflit a montré l’effroyable capacité de l’homme à se laisser guider par ses instincts les plus bas. L’idéologie nazie a marqué au fer rouge l’humanité toute entière.
Il y a 8 jours, nous rendions hommage au courage et à l’héroïsme de toutes celles et tous ceux qui en furent les victimes.
Le bonheur de la paix retrouvée n’a pu effacer l’atrocité des crimes perpétrés tout au long de ces longues années. Ni même les privations qui continuèrent pendant quelques années après, le pays étant exsangue.
Le 8 mai a marqué la fin d’une longue période d’occupation qui a divisé la société française, et qui a entrainé des meurtrissures profondes pendant longtemps.
Pendant ces années sombres, des héros, anonymes pour la plupart, se sont révélés en rejoignant les rangs de l’armée des ombres.
Ils ont résisté de l’intérieur, contribuant ainsi à chasser l’armée d’occupation, ou protégeant des familles juives promises à une extermination certaine.
Mais pour remporter la victoire finale, le rôle des combattants de la Liberté venus des Etats-Unis, de Grande Bretagne, du Commonwealth, d’Afrique, et de tant d’autres pays, a été décisif, nous leur renouvelons notre gratitude.
Aussi en ce jour anniversaire de la victoire de 1945, nous avons le devoir de penser à tous ces soldats de la Liberté, qu’il soit de l’Armée d’Afrique, des Forces Françaises Libres, et en particulier de la 2e DB, ou venus de tant d’autres nations, donner leur vie pour libérer le sol de France.
Je voudrais, en parlant de la 2e DB, rendre ici, hommage à Monsieur Joseph SASSI, ancien de la 2e DB qui, chaque année, le 8 mai, déposait une gerbe en mémoire de ses camarades de combat tombés sur les champs de bataille.
Il nous a quittés à la fin du mois de mars dernier.
Nous avons aussi le devoir de penser à tous ces anonymes qui ont payé de leur vie leur résistance à l’oppresseur, le devoir de penser à toutes ces victimes de bourreaux exterminateurs.
Souvenons-nous du refus de la fatalité et du patriotisme du Général de Gaulle, appelant dès 1940, à entrer en résistance, unifiant les forces de l’intérieur, et réunifiant l’armée française sous une même bannière.
Oui, toute une génération de jeunes gens a été mobilisée, comme l’a été la génération de leurs pères, deux décennies et demi plus tôt.
Ils ont été mobilisés pour lutter contre une idéologie destructrice qui a ensanglanté l’Humanité. Une idéologie qu’un homme a pu faire germer, dans le terreau de la frustration et de la rancœur, qu’un peuple a éprouvé avec le Traité de Versailles.
Alors, pour éviter de revivre un tel conflit, est née la volonté de construire un monde nouveau en Europe.
Les Alliés ont eu la sagesse d’engager les conditions d’une reddition, donnant des gages de renouveau aux relations Franco-allemandes, permettant dès 1950, la construction européenne, et rendant ainsi impossible l’éclatement d’un nouveau conflit majeur sur le vieux continent.
Grâce à cette construction, nous avons profité de 72 années de paix, mais, mesure-t-on vraiment la valeur du mot Paix, ce mot noyé dans une myriade de conflits à travers les continents.
Certes, cette paix est relative et incertaine, mais elle est là.
Beaucoup de nos aïeux sont morts au combat, dans les camps, ou en représailles, parmi eux, certains ont su allumer la flamme de l’espoir dans les moments les plus désespérés. De cette flamme a émergé l’intelligence de mettre l’homme au centre des nations afin qu’il vive en paix et en Liberté.
Mais vous le savez tous, la paix et la liberté sont des valeurs très fragiles, elles ne peuvent être garanties que par la sécurité.
Il n’y a pas un jour sans que l’actualité nous renvoie à un devoir de vigilance.
Cette vigilance est nécessaire pour protéger cette paix et cette liberté si chèrement regagnée, et si chères à nos cœurs.
Et à ce moment de mon propos j’adresse toute ma reconnaissance et toute ma gratitude, à toutes nos forces armées, nos forces de sécurité, qui remplissent remarquablement leur mission première, celle d’assurer notre sécurité, et par la même, de garantir la défense de nos valeurs républicaines.
Car aujourd’hui, malgré une paix apparente, un ennemi empreint d’une idéologie similaire à celle qui a conduit à la 2e guerre mondiale, agit lâchement dans l’ombre, animé par un fanatisme meurtrier. Il s’attaque à tous les symboles de la démocratie. Cruel, il nie l’Humanité en semant la terreur, il détruit le passé et veut interdire l’avenir.
Nous devons combattre cet ennemi sans relâche pour sauvegarder nos institutions démocratiques, et ne pas retomber dans les affres du passé.
Le 8 mai est la fête de la Victoire, c’est la fête de la Paix.
En ce jour anniversaire de la Victoire, les âmes de tous ceux qui sont morts pour nous reposent en paix, mais nous les vivants, avons le devoir de se souvenir de leurs sacrifices, afin de garantir la pérennité de l’héritage qu’ils nous ont transmis.
Nous devons à notre tour, tout faire pour transmettre cet héritage de paix et de liberté à nos enfants.
Vive nos Forces Armées et de Sécurité !
Vive nos Alliés !
Vive Grasse !
Vive la Provence !
Vive la France !