Ma tribune politique : Pour une extension de la Maison d’Arrêt de Grasse

La question de la sécurité publique et de la justice est aujourd’hui l’un des défis majeurs de notre nation. Face à une société confrontée à des tensions croissantes, il est impératif d’apporter des réponses fermes et adaptées aux problématiques de violence et de délinquance recensées sur nos territoires.

A ce titre, la question du renforcement de nos capacités pénitentiaires est essentielle pour permettre une réponse pénale forte et à la hauteur des enjeux.

Cette nécessité est reconnue au plus haut niveau de l’Etat, puisque le Président de la République avait fixé en 2017 un cap ambitieux, en visant la création de 15 000 nouvelles places d’ici 2027.

Aujourd’hui, nous sommes malheureusement loin de cet objectif avec seulement 4 500 places créées.

Dans un entretien le mois dernier avec la presse, le Ministre de la Justice démissionnaire, Didier MIGAUD, imputait ce retard à « des difficultés foncières » et à « des oppositions de la part d’élus ».

Or, je tiens à dire qu’à Grasse, non seulement la Municipalité soutient le principe d’une extension de la maison d’arrêt qui se trouve sur son territoire, mais nous disposons également des emprises foncières pour permettre la réalisation d’un tel projet.

L’extension du centre pénitentiaire de Grasse fait même l’objet d’un consensus politique large dans l’ensemble du département des Alpes-Maritimes. Cette solution a d’ailleurs été proposée au Garde des Sceaux en 2021 par l’intermédiaire d’un courrier co-signé par Charles Ange GINESY, Président du Conseil Départemental, Eric CIOTTI, Député et Christian ESTROSI, Maire de Nice. A la lumière de ces éléments, on ne peut que déplorer l’absence de prise de décision sur ce dossier central.

La ville de Grasse, chef-lieu d’arrondissement, se place en effet comme un maillon essentiel du dispositif judiciaire dans le département. Outre la maison d’arrêt, elle compte également un Tribunal Judiciaire qui abrite plus de 600 avocats.

Cette spécificité locale, couplée à l’urgence de résoudre la surpopulation carcérale qui gangrène nos établissements pénitentiaires, rend la décision d’agrandir la prison de Grasse à la fois pertinente et prioritaire. En effet, l’extension de cette infrastructure répond concrètement à plusieurs enjeux :

  1. La résorption de la surpopulation carcérale dans les Alpes-Maritimes, qui entrave non seulement les conditions de détention mais aussi le travail des agents pénitentiaires.
  2. Le renforcement de la centralité de Grasse dans le dispositif judiciaire départemental

Bien sûr, la mise en œuvre de cette opération est conditionnée à l’obtention de garanties fortes de la part de l’Etat, qui doit s’engager à accompagner notre collectivité à différents niveaux.

Tout d’abord, en réévaluant le montant de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) attribuée à notre commune. En effet, la Ville de Grasse supporte d’importantes charges de centralité liées à la présence de multiples infrastructures d’État (Tribunal Judiciaire, Sous-préfecture, Centre Hospitalier). Cette réalité n’est pas suffisamment reconnue dans l’attribution actuelle des dotations. Je demande donc une révision équitable de la DGF, à la hauteur de l’importance administrative de la ville dans les Alpes-Maritimes. En outre, je sollicite le renforcement des effectifs de l’Etat déployés sur notre commune. Notre établissement ne pourra fonctionner efficacement sans un accroissement significatif du personnel pénitentiaire, de la Police Nationale et des magistrats.

Face à l’insécurité et au sentiment d’impunité qui gagne nos concitoyens, il est temps de réaffirmer la fermeté de notre action. Cette fermeté doit se traduire par des infrastructures adaptées, une justice qui fonctionne correctement, et des ressources dédiées qui soient à la hauteur des attentes exprimées sur le terrain. Grasse est prête à prendre ses responsabilités dans cet effort national, mais elle ne peut le faire seule. J’appelle l’État à répondre présent à nos côtés, non seulement en donnant un accord favorable à l’extension de la maison d’arrêt de Grasse, mais aussi en dotant la commune des moyens humains et financiers nécessaires à la bonne conduite de ce projet ambitieux.

En cette période d’instabilité politique et institutionnelle, restaurer la confiance des citoyens passe par des actes forts et concrets. Agrandir la prison de Grasse, renforcer la police et les magistrats, et réévaluer équitablement les moyens alloués à notre commune en font partie.

Nous sommes prêts à relever ce défi, pour Grasse, pour le département et pour la France.