Projection du film : « Caricaturistes, Fantassins de la Démocratie », en hommage aux victimes du terrorisme

Les événements du 7 janvier 2015 ont bouleversé l’opinion et plus d’une semaine après le drame, il faut l’avouer, nous avons encore du mal à mettre des mots sur les maux. Marches et rassemblements ont traduit l’émotion populaire et exprimé l’extraordinaire élan de solidarité et de cohésion des citoyens de France et du monde. Les images de ces rassemblements feront date et illustreront sans nul doute les livres d’histoire de nos enfants car c’est une conviction, une page d’Histoire de la France s’est écrite ces dernières heures.
Après le 11 septembre 2001 et l’attaque contre les Tween towers aux Etats Unis, c’est à notre liberté qu’on s’est attaqué le 7 janvier 2015, à notre liberté et précisément au symbole le plus fort de notre démocratie, la liberté de parole. On le dit déjà : il y a eu un avant, il y aura un après les attentats de Charlie Hebdo et c’est parce que nous avons à construire ensemble cet après-là
que j’ai décidé, avec la complicité de Pascal GAYMARD et Paul BARELLI, tous deux membres actifs du club de la presse Mediterranée 06,
avec l’amical soutien de notre ami dessinateur Kristian qui nous fait l’honneur d’être là ce soir, j’ai décidé de répondre à l’émotion par la réflexion.
Inviter la population grassoise à la projection du documentaire « Caricaturistes, fantassins de la Démocratie », un film présenté lors du dernier festival de Cannes, c’est essayer de trouver ensemble une ligne de conduite, un cap.
C’est rendre hommage aux hommes et aux femmes qui partout, dans le monde, prennent des risques pour défendre nos valeurs avec pour seule arme un crayon.
Ce slogan, illustré par Kristian pour exprimer sa peine et sa colère, est celui de dizaines d’artistes mondiaux qui vivent et parfois meurent tragiquement pour affirmer que l’opinion ne peut être unique, qu’elle doit même être contradictoire pour conserver sa vigueur et sa liberté même au risque d’être dérangeante.
Ce film et la fin tragique des journalistes de Charlie Hebdo et de ceux qui avaient pour mission de les protéger, nous disent de façon criante que la Paix se construit chaque jour par l’éducation, la culture, le dialogue mais aussi par l’irrévérence affichée et l’esprit de dérision.
Préserver cette irrévérence, c’est conserver intacte notre esprit critique, notre capacité d’indignation comme notre refus du politiquement correct, des oeillères et de la langue de bois.
Puissent ce documentaire et le débat qui s’en suivra, donner à chacun de nous l’occasion d’exprimer nos contradictions, de dire notre indignation et d’ouvrir ensemble des pistes d’espérance. C’est la meilleure façon de rendre hommage aux disparus,
la meilleure manière d’affirmer qu’ils ne sont pas morts – en tout cas pas morts pour rien.
Pour conclure et nous souhaiter une soirée constructive et réparatrice, je reprends à mon compte l’une des phrases prononcées dans l’allégresse des mouvements solidaires de ces derniers jours : ils ont voulu nous mettre à genoux ; nous voilà debout comme jamais, fiers d’appartenir au Pays de la Liberté, fiers de porter haut les couleurs de la République et de ceux qui la défendent.

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